Throbbing Gristle: Fureur, transgression et terreur industrielle

Throbbing Gristle: Fureur, transgression et terreur industrielle

Abrasion. Agression. Antagonisme.

Trois expressions qui décrivent à un bruit près la cacophonie de Throbbing Gristle, groupe de Manchester qui a popularisé — sinon défini — la musique industrielle.

Le groupe, dont l’un des slogans au bas des affiches de spectacles étaient « C’est certain que vous allez être décus », est probablement l’un des plus étranges de notre rubrique Inclassables et Inaudibles.

Au programme : terrorisme magnétique et sonore

Depuis pratiquement 1969 (initialement sous le nom Coum Transmission), Gristle explore la mort, la mutilation, le fascisme et la dégradation dans une cacophonie tonnante de bruits mécaniques, de bandes magnétiques en boucles, d’antimélodies extrémistes, et de rythmique déglinguée. Le terrorisme culturel du groupe — « briseurs de civilisation », selon un tabloïd britannique — soulève des questions majeures sur la valeur de la confrontation artistique, combattant avec une énergie maniaque toutes notions de commercialisation et de bon goût.

 

Throbbing Gristle : la trangression au-delà du théatral

Depuis 1975, Throbbing Gristle se composait de Genesis P-Orridge, chanteur(e) et agitateur en chef, de la guitariste Cosey Fanni Tutti, du manipulateur de bandes Peter « Sleazy » Christopherson et du clavier de Chris Carter. Une troupe d’art performance autant qu’un groupe, leurs premiers concerts — chacun commençant par un horodateur et se déroulant exactement 60 minutes avant que l’alimentation de la scène ne soit coupée — ont frayé avec les lois sur l’obscénité. On ne mentionnera que la pratique d’actes sexuels divers en public incluant tous les fluides corporels et objets imaginables, la prostitution, les injections, l’utilisation de faux film « snuffs » (meurtres et tortures présentés comme authentiques), etc.

 

 

Discographie sommaire… Mais sans fond

Après avoir formé leur propre label, Industrial Records, le groupe a lancé sa cassette d’introduction, «  The Best of Throbbing Gristle, vol. 2 », en 1976. « The Second Annual Report of Throbbing Gristle », paru en 1977, n’est pressé qu’à 500 exemplaires. À la demande des fans, le disque est réédité — cette fois à partir d’une bande maîtresse jouée à l’envers. Le succès underground « United » de 1977 marque un petit pas vers l’accessibilité, grâce à l’inclusion d’un rythme perceptible. Lorsque le titre réapparait dans « D.O.A.: The Third and Final Report » de 1978, il est accéléré pour ne durer que 17 secondes. Les « Hamburger Lady » (inspirée de l’histoire d’une grande brûlée) et « Death Threats » (une compilation de messages meurtriers laissés sur le répondeur du groupe) n’étaient pas moins provocantes.

 

 

La fin… Coil, Psychic TV et Chris & Cosey

Un an plus tard le groupe lance « 20 Jazz Funk Greats », un album électro-pop aux accents brutaux. Un an plus tard, la sortie d’un album en concert sonne le glas du groupe. P-Orridge et Christopherson forment Psychic TV (que Christopherson quitte rapidement pour former Coil). Les deux autres membres, désormais en couple, poursuivront sous le nom de Chris & Cosey.

Au fur et à mesure que l’influence de Throbbing Gristle se fait sentir dans les milieux underground (par ex. des groupes comme Whitehouse qui recycleront les thèmes du Gristle), P-orridge ouver les vannes et immerge les fans d’une série apparemment sans fin de sorties posthumes de qualité très variable, la plupart de ces albums étant tirées de dates live. Parmi les plus connus, citons « 24 Hours of Throbbing Gristle » (une boîte de 24 cassettes de performances live), « Journey Through a Body » de 1982, et « In the Shadow of the Sun » de 1984 (une bande originale du film du même nom, Derek Jarman) de 1981.